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Vers un système d’aide internationale au développement axé sur les besoins

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, Vers un système d’aide internationale au développement axé sur les besoins

Les États ont le devoir de coopérer au développement international. Mais comment y parvenir ? Voici quelques moyens de mettre en œuvre ce devoir général de coopération en vertu du droit international.

Dans ce monde interconnecté, la nécessité d’une coopération internationale efficace au service du développement n’a jamais été aussi pressante. Malgré les nobles intentions qui sous-tendent l’aide internationale, le système actuel est en proie à la fragmentation, à l’inefficacité et aux solutions à court terme qui ne parviennent pas à résoudre les problèmes sous-jacents. Et si nous pouvions redéfinir ce paysage en nous appuyant sur des précédents historiques réussis pour créer un système d’aide cohérent et axé sur les besoins qui donne véritablement du pouvoir aux pays bénéficiaires ? Il est temps de changer de paradigme pour faire en sorte que l’aide internationale soit un catalyseur de croissance durable au lieu d’un élément qui perpétue la dépendance.

Renforcer le devoir de coopérer

La coopération internationale pour le développement est identique à la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels et constitue un devoir pour tous les États. Ce principe est renforcé par divers traités internationaux, notamment la Convention relative aux droits de l’enfant (1989) et la Convention relative aux droits des personnes handicapées (2006). Le devoir de coopérer pour le développement international doit être considéré comme une norme coutumière internationale appuyée par la pratique des États. Cependant, ce devoir est défini de manière générale sans préciser exactement ce que les États doivent faire. Comment pouvons-nous renforcer le devoir de coopérer dans la pratique afin de garantir le développement ? Quels sont les moyens efficaces de mettre en œuvre l’obligation générale de coopérer pour le développement en vertu du droit international ?

Aligner l’aide sur les priorités nationales pour une croissance durable

La pierre angulaire de toute réforme est de reconnaître le leadership et l’appropriation nationaux dans les plans de développement, car cela est au cœur du consensus de Monterrey sur le financement du développement. Une fois appliqué dans la pratique, ce principe nécessite une évolution vers une approche axée sur les besoins. Cela nécessite que les donateurs alignent les flux d’aide sur les plans de développement nationaux, guidés par des stratégies de développement durable.

Obstacles

Mais ce processus se heurte à des obstacles. Tout d’abord, il y a le manque de planification à long terme, qui fait que les causes profondes du développement d’un pays ne sont souvent pas traitées. Ensuite, la durabilité des plans de développement doit être régulièrement testée au moyen d’une étude d’impact environnemental (EIE). Troisièmement, la durabilité doit garantir que les objectifs, les incitations et les informations destinées aux contribuables sont adaptés aux besoins spécifiques des communautés bénéficiaires, aux contextes culturels et aux dynamiques locales, ce qui peut conduire à des interventions inefficaces ou contreproductives. Enfin, des mécanismes spécifiques de suivi et de mesure d’impact doivent être créés par la suite.

Un système axé sur les besoins implique d’inclure les bénéficiaires dans la négociation des subventions, des projets et des politiques, qui doivent être adaptés à chaque pays plutôt que génériques. La durabilité implique également de développer les capacités internes pour donner aux communautés, aux gouvernements et aux institutions locales les moyens de mener leurs efforts de développement. Dans de nombreux cas, il est essentiel non seulement d’« enseigner quelque chose », mais aussi de contribuer à sa mise en œuvre. Il ne s’agit donc pas simplement de « donner de l’argent et de partir ensuite » immédiatement après.

Le système d’aide internationale au développement est peu performant parce que les ressources ne sont pas considérées comme un investissement dans la cohésion sociale et le changement structurel, ni comme une opportunité de donner aux gouvernements le répit nécessaire pour aider des politiques difficiles et souvent douloureuses à réussir.

Surmonter la fragmentation des donateurs

La fragmentation des donateurs fragilise encore davantage l’architecture actuelle du système. L’Organisation de coopération et de développement économiques définit la fragmentation de l’aide comme « une aide qui se présente sous la forme de trop de petites tranches provenant d’un trop grand nombre de donateurs, ce qui entraîne des coûts de transaction élevés et rend difficile la gestion efficace de l’aide par les pays partenaires ». L’une des principales stratégies pour remédier à la fragmentation de l’aide consiste à établir un rapport équilibré entre les ressources investies et les résultats obtenus.

La lutte contre la fragmentation de l’aide nécessite une meilleure coordination et une meilleure répartition des tâches entre les parties concernées. Il est nécessaire d’établir un cadre de gouvernance mondiale qui garantisse la redéfinition de l’objectif de l’aide internationale, en veillant à ce qu’elle soit en mesure de répondre efficacement au développement global et à ce qu’elle soit cohérente avec d’autres régimes, tels que le commerce ou le climat, afin d’éviter la prolifération de fonds poursuivant des objectifs similaires. Une approche viable consiste à mettre en œuvre des avancées en matière de responsabilité mutuelle, qui sont particulièrement cruciales compte tenu de l’inégalité inhérente aux relations entre donateurs et pays partenaires. On peut remédier à ce problème en établissant un lien direct entre donateurs et gouvernements, garantissant la responsabilité de leurs engagements. Sans coordination des mécanismes des donateurs, l’efficacité de l’aide est compromise.

Les pays bénéficiaires du casque

Tous les donateurs devraient accepter et donner aux pays bénéficiaires les moyens de prendre l’initiative de rationaliser les opérations des donateurs dans leurs économies. En général, ce qui fonctionne le mieux est le développement des capacités internes du pays bénéficiaire. Il est donc essentiel de combler cette lacune en établissant des critères uniformes pour évaluer si le renforcement des capacités internes atteint un niveau satisfaisant.

Réformes stratégiques et financements innovants

Les efforts de réforme devraient également aligner les flux d’aide sur d’autres sources de financement du développement par le biais de fonds fiduciaires. Ces derniers peuvent contribuer à simplifier les procédures et à améliorer l’harmonisation, évitant ainsi la duplication des efforts. En outre, de nouveaux prélèvements internationaux innovants, tels que des taxes sur le carbone, une taxe sur les transactions financières internationales ou des mesures contre la fraude fiscale et les transferts financiers illicites, pourraient contribuer à réduire la volatilité des flux d’aide disponibles et la vulnérabilité aux opportunités politiques.

Cette combinaison d’actions pourrait permettre une augmentation substantielle du financement du développement, conduisant à un système d’aide internationale plus efficace et plus efficient.

Conclusion

Le système international d’aide au développement peut être une lueur d’espoir, s’appuyant sur un historique de succès. Malheureusement, cette architecture internationale s’adapte lentement au nouveau monde qu’elle a contribué à créer. Il est temps d’aller de l’avant et de repenser son architecture, en tirant les leçons des succès passés tout en se concentrant sur les défis à venir.