Catégories
Justice:

Information toute fraiche : Meurtre d’un avocat torontois : la Couronne balaye l’alibi de l’accusée

Article-tout-frais-Anh-Chiem-dit-au-jury-quelle

Dans le cadre de notre objectif d’information, nous publions ci-dessous un éditorial vu sur le web ce jour. La thématique est «la justice».

Son titre troublant (Meurtre d’un avocat torontois : la Couronne balaye l’alibi de l’accusée) est parlant.

Identifié sous le nom «d’anonymat
», le journaliste est reconnu comme quelqu’un de sérieux.

Vous pouvez de ce fait faire confiance à cette information.

L’article a été publié à une date notée 2023-04-24 19:40:00.

Scott Rosen a été tué dans un garage souterrain après son travail, mais l’identité du conducteur qui l’a happé avec un véhicule U-Haul n’a jamais été établie avec certitude.

Anh Chiem reconnaît qu’elle a bien loué la fourgonnette en question, mais qu’elle n’a pas tué l’avocat, puisqu’elle avait retourné le véhicule le 17 décembre 2020, soit la veille du meurtre.

Une photo d'un avocat.

Scott Rosen, 52 ans, a été tué après avoir été happé par une fourgonnette U-Haul dans un garage souterrain de Toronto en décembre 2020.

Photo : AVEC L’AUTORISATION DE LA POLICE DE TORONTO

Mme Chiem avait expliqué dans son interrogatoire vendredi qu’elle avait utilisé la Toyota de sa fille le matin du 18 décembre pour aller faire l’épicerie avec elle et qu’elle avait passé l’après-midi seule à marcher, parce qu’elle avait eu une dispute avec sa mère de 92 ans. C’est un temps de réflexion que je m’accorde dans une telle situation, avait-elle dit.

Des questions éprouvantes

Au premier jour de son contre-interrogatoire, Anh Chiem affirme à la barre qu’elle a loué la fourgonnette du 15 au 17 décembre 2020, parce qu’elle voulait faire des emplettes de Noël pour ses petits-enfants et se déplacer pour faire d’autres courses.

La procureure Beverley Richards a démontré au jury que Mme Chiem avait pourtant le mobile pour tuer l’avocat de son ancien gendre, parce qu’elle a réalisé qu’elle avait épuisé tous ses recours contre lui devant les tribunaux pour contrecarrer la poursuite civile de son gendre au sujet de la vente d’un terrain immobilier.

Mme Chiem réplique qu’elle n’était pas personnellement impliquée dans la poursuite de Peter Voong, qui visait davantage sa mère. Je ne servais d’intermédiaire que pour ma mère, qui ne comprenait pas l’anglais, dit-elle.

Une enseigne d'avocats.

L’enseigne du cabinet d’avocats où travaillait la victime, Scott Rosen, sur l’avenue Eglinton dans le quartier Midtown de Toronto.

Photo : Radio-Canada / CBC

L’accusée se défend d’avoir orchestré l’assassinat de Me Rosen entre le 7 et le 14 décembre, parce que l’avocat avait refusé un plan de remboursement de ses dettes qu’elle avait contractée dans cette poursuite avec sa mère.

Je n’avais aucune raison de le tuer, dit-elle. Il me devait 10 000 $, poursuit-elle. La Couronne soutient au contraire que la victime ne devait rien à l’accusée.

Elle suggère plutôt que Mme Chiem a loué le véhicule durant plusieurs jours pour mettre son plan à exécution le moment venu.

Me Richards trouve par ailleurs étonnant que l’accusée ait décidé au premier jour de la location de ne pas aller faire ses courses et d’aller se stationner à la place durant des heures dans le même quartier, où la victime avait son bureau.

Le concessionnaire m’avait dit d’aller d’abord tester la camionnette, dit-elle en ajoutant qu’elle avait finalement décidé de la garder.

Une accusée prise en filature

Mme Chiem explique qu’elle n’aime pas emprunter la Toyota de sa fille comme elle le fait d’habitude, parce que la voiture a des problèmes de freins et d’essuie-glaces notamment.

La Couronne lui a montré pourtant une vidéo de surveillance de la police qui a commencé à surveiller l’accusée à partir du 19 décembre 2020.

On y voit Mme Chiem avec son conjoint, qui est en train de fixer le tuyau du contenant de lave-vitre sous le capot de la Toyota.

À en croire la Couronne, la police a surveillé Mme Chiem du 19 au 22 décembre et l’accusée a utilisé la voiture de sa fille durant 4 jours.

Me Richards se demande la raison pour laquelle la sexagénaire a alors préféré louer une camionnette la semaine précédente.

Gros plan sur une entrée de garage souterrain.

L’entrée du garage souterrain où l’avocat Scott Rosen a été heurté à mort par une fourgonnette de type U-Haul le soir du 18 décembre 2020.

Photo : Radio-Canada / CBC

Mme Chiem jure qu’elle préférait une autre voiture, mais qu’elle a choisi la camionnette U-Haul, parce que le prix de location était bon marché.

Elle est en revanche incapable de se souvenir du nom des compagnies de location qu’elle a contactées avant le 15 décembre avant de se résigner à louer une fourgonnette.

Des hasards déconcertants

Me Richards relève une coïncidence étonnante dans le témoignage de Mme Chiem, parce qu’elle ne comprend pas la raison pour laquelle elle a passé quatre jours dans le quartier de la victime.

Mme Chiem affirme qu’elle l’appréciait à cause de ses arbres et qu’elle envisageait d’y visiter des appartements pour éventuellement y emménager.

Elle précise qu’elle connaissait assez bien le quartier pour l’avoir visité auparavant, mais elle est incapable de se rappeler du mois ou de l’année où elle dit s’y être aventurée.

Un véhicule de police.

Un véhicule de police est stationné devant le garage souterrain, où l’avocat Scott Rosen a été tué le vendredi 18 décembre 2020.

Photo : Radio-Canada / Chris Langenzarde

Elle ne se souvient pas non plus de l’heure à laquelle elle a garé la fourgonnette devant le bureau de Me Rosen le 15 décembre, ni du nombre d’heures durant lesquelles elle est restée dans le véhicule avant de décider de partir et de rapporter le U-Haul chez le concessionnaire pour la soirée, parce qu’elle ne voulait pas le stationner devant chez elle.

Vous avez la singularité de ne pas vous souvenir de ce que vous avez fait lorsque ça fait votre affaire, lui lance la procureure.

Mme Chiem, qui répond rarement aux questions sans que la procureure ne se répète, explique qu’elle a appelé le concessionnaire chaque matin pour l’avertir qu’elle comptait reprendre la fourgonnette le lendemain.

Des marques de véhicule sur un mur de stationnement.

Des marques de fourgonnettes sont visibles sur le mur du stationnement souterrain où l’avocat Scott Rosen a été tué le soir du 18 décembre 2020.

Photo : Radio-Canada / CBC

Poussée à bout, la sexagénaire admet qu’elle n’est jamais allée faire des courses ce jour-là, ni les 2 jours suivants d’ailleurs.

J’ai perdu la notion du temps ce jour-là, en lisant des journaux dans le véhicule, dit-elle en vietnamien (elle est assistée d’un interprète, NDLR).

Une plaque non conforme

L’accusée ajoute qu’elle a aussi eu une contravention de plus de 100$ le 15 décembre et qu’elle était très déçue.

Un policier avait noté que la plaque d’immatriculation de la fourgonnette était masquée avec du ruban adhésif. Je n’ai toutefois jamais voulu obstruer la plaque, se défend-elle.

Me Richards trouve en outre étrange que Mme Chiem soit retournée tous les jours devant le bureau de l’avocat durant cette semaine-là. Pourquoi ne vous êtes-vous pas garée dans une rue adjacente?, s’interroge-t-elle.

Je voulais retrouver l’individu qui m’avait photographiée la veille, parce que je pensais que c’était lui qui avait obstrué la plaque du véhicule, réplique-t-elle.

La Couronne a mis en doute la véracité d’un tel récit, parce qu’elle laisse entendre que Mme Chiem a inventé cet individu pour expliquer la contravention du policier.

Elle se demande d’ailleurs la raison pour laquelle Mme Chiem n’a pas confronté l’individu le jour même ou pour laquelle elle n’a pas carrément quitté les lieux.

Je suis retournée au même endroit, parce que je pensais que je le reverrai et j’étais malheureuse, dit-elle. Me Richards suggère qu’elle était plutôt en colère, parce que la contravention était salée.

La Cour supérieure de l'Ontario à Toronto.

Le procès d’Anh Chiem se déroule devant juge et jury devant la Cour supérieure de l’Ontario au centre-ville de Toronto.

Photo : Radio-Canada / Marie-Hélène Ratel

La procureure trouve par ailleurs étrange qu’une femme qui a déclaré faillite ait déboursé de l’argent pour louer le véhicule une troisième fois afin de retrouver l’homme qu’elle rend responsable de l’obstruction de son véhicule.

Je ne sais pas si c’est lui précisément, mais j’étais convaincue qu’il savait qui a fait le coup, rectifie l’accusée.

La Couronne trouve par ailleurs bizarre qu’une personne qui loue un véhicule ne questionne pas la compagnie de location au sujet de la présence de bouts de ruban adhésif sur la plaque minéralogique de l’un de ses véhicules.

Je n’y avais pas porté attention en quittant le concessionnaire le 15 décembre, dit-elle.

La Couronne pense en fait que Mme Chiem surveillait Me Rosen, parce qu’elle savait qu’il travaillait de 9 h à 18 h et qu’elle connaissait bien son adresse pour y avoir déposé des documents dans le passé.

Elle présume que Mme Chiem a masqué la plaque de la fourgonnette qui a tué l’avocat pour éviter qu’un témoin oculaire ne relève le numéro d’immatriculation.

Le contre-interrogatoire se poursuit mardi.

Lecture:

Dangereuses intentions,Le livre .

La fabrique du monstre,(la couverture) .

Robert Badinter, l’épreuve de la justice,Le livre .